Lilian Thuram ancien footballeur (France)
« Les gens qui subissent le racisme éprouvent une violence existentielle. Mais pour ceux qui ne le vivent pas, c’est difficile de comprendre »
« Les Blancs, eux, se promènent partout sans être enfermés negativement dans leur couleur de peau par aucune autorité. Cette tranquilité, ce sentiment de liberté, d’être partout à leur place, en ont-ils conscience? »
« Dans les stades de foot, on entend toujours des cris de singe ou on reçoit des pelures de banane »

Témoignage d’un danseur rencontré à Saint-Louis. Nous lui avons demandé ce qu’il pensait de « l’Europe ». Sa réponse est bien loin du racisme structurel et de la violence d’exclusion que peuvent ressentir ici les gens de couleur
Djamila Ribeiro (Brésil)
«Le monde présenté à l’école était celui des Blancs, dans lequel les cultures européennes étaient vues comme supérieures, l’idéal à poursuivre. Je voyais que mes camarades blanches n’avaient pas besoin de penser la place sociale de la blanchité, car elles étaient vues comme normales : le problème, c’était moi.»

«Les processus de racisation sont les différents dispositifs – juridiques, culturels, sociaux, politiques – par lesquels des personnes et des groupes acquièrent des qualités (les Blancs) ou des stigmas (les « autres »). Blanc/Non-Blanc : c’est un processus de racisation qui a conduit à la création du « Blanc » et de la « Blanche » et cette couleur est progressivement devenue un marqueur social et culturel associé à des privilèges et des droits.»
Marginalisation des artistes africain*e*s
Les danseurs* seuses de l’Afrique de l’Ouest sont marginalisé*e*s au sein la scène culturelle suisse. Ils*elles ne sont pas intégré*e*s dans les réseaux artistiques institutionnels.
Cette exclusion est le résultat d’un racisme structurel sous-jacent. Ils*elles sont discriminé*e*s lorsqu’ils*elles ne maîtrisent pas parfaitement notre culture écrite, sur laquelle repose le champ professionnel artistique (dossiers de subvention). S’ils*elles n’ont pas un administrateur qui se charge de l’organisation de leurs cours et de la diffusion de leurs spectacles, ils*elles se voient malheureusement obligé*e*s d’interrompre leur carrière artistique.
L’exclusion est aussi liée au fait que les formations artistiques – pour la plupart informelles en Afrique – ne sont pas reconnues en Suisse. Il n’y a ni diplômes, ni archives visuelles qui légitiment leur parcours professionnel, même s’ils font partie des plus grands artistes* de leurs pays (ceci est gentiment en train de changer pour la jeune génération). Ils*elles sont dévalorisé*e*s par le processus migratoire, et tombent dans l’anonymat dès leur arrivée en Suisse.
Sans autre formation professionnelle, ces artistes acceptent dès lors les petits travaux temporaires dévalorisés par les Suisses (nettoyage, plonge, déménagement, conciergerie). Par-là, ils cherchent à se créer une place au sein de notre société, dans laquelle ils aspirent à être reconnus dans leur valeur et leur dignité, sans même se préoccuper de la hiérarchie des classes professionnelles.
Les années peuvent être longues avant de trouver un travail fixe, ceci en raison de leur couleur de peau, apparence physique (dreadlocks), manière de parler. Ils*elles sont victimes de préjugés dans la rue et les transports publics, lorsqu’ils*elles déposent leur curriculum vitae avec photos ou répondent au téléphone.Ceci accentue leur conflit postmigratoire autour de l’identité personnelle et culturelle.
Kunda s’engage à lutter contre la répression de ces voix artistiques.